L’agence de notation Fitch Ratings a récemment abaissé la note des emprunts en devises du Gabon de B- à CCC+, provoquant un tollé parmi les critiques du CTRI et d’autres opposants au régime actuel. Cette décision suscite des interrogations sur la pertinence des notations et l’indépendance des agences de notation, ainsi que sur l’utilisation stratégique de la dette publique dans le cadre du redressement économique du Gabon.
"La dette comme outil de développement n'a jamais été un problème en soi, mais plutôt l’usage qui en est fait".
Les reproches adressés au Gabon, et par extension à son Président, concernent principalement les investissements massifs pour le redressement et le développement du pays, l’augmentation des recrutements, le règlement des arriérés de pensions, et les mesures contre la vie chère par le biais de nouvelles exonérations fiscales. Ces initiatives, bien qu’ambitieuses, sont perçues par certains comme des dépenses excessives. Cependant, il est crucial de comprendre que l’endettement, lorsqu’il est bien géré, est un levier puissant pour la croissance économique.
“Le financement par la dette joue un rôle crucial pour le développement. Il peut permettre de soutenir une croissance inclusive, à condition d’une gestion rigoureuse…”: Banque Mondiale (lire la source ici)
En Janvier 2024, la même agence Fitchrating avait pourtant réhaussé la note du Gabon a B-. (cliquez pour voir)
Qu'est ce qui s'est donc passé en moins de 6 mois qui expliquerait cette dégradation? ou faut il y voir une main noire?
Manque d’indépendance, piètre fiabilité et comportement procyclique : tels sont les trois reproches faits aux agences de notation. C’est de loin la principale critique formulée à l’égard des « big three » (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings) Trouver les arguments critiques ici
Les agences de notation comme Moody’s et Fitch Ratings jouent un rôle crucial dans l’évaluation des risques de crédit, mais leur indépendance et leur objectivité sont souvent mises en question. Elles ont parfois été accusées de biais ou d’influences extérieures, ce qui peut affecter leurs évaluations. De plus, leurs notations ne prennent pas toujours en compte les spécificités et les contextes des pays qu’elles évaluent. Par exemple, les États-Unis, le Japon, la France, et l’Italie ont des niveaux de dette publique bien supérieurs à ceux du Gabon, respectivement à 124 %, 263 %, 112 %, et 144 % du PIB en 2023, sans pour autant être systématiquement pénalisés par des notes dégradées.
La Dette Publique : Un Outil de Développement
La dette publique du Gabon, qui se situe à 70,4 % du PIB à fin 2023 et qui pourrait atteindre 79 % en 2026, n’est pas alarmante en soi. De nombreux pays développés ont recours à la dette pour financer leur croissance et leurs infrastructures. Ce qui importe, c’est l’utilisation efficace de ces fonds. Le Gabon a besoin de s’endetter pour financer des projets de développement multisectoriels qui peuvent stimuler la croissance économique à long terme. Investir dans les infrastructures, l’éducation, la santé, et d’autres secteurs clés peut créer un environnement propice à l’investissement privé et à la diversification économique.
Les Défis de la Gestion de la Dette
Le principal défi pour le gouvernement gabonais sera de garantir une gestion rigoureuse et transparente de la dette. La lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite doit être une priorité absolue. Le mauvais usage des fonds publics dans le passé a entravé le développement du pays, mais des réformes structurantes et une gouvernance améliorée peuvent inverser cette tendance. Un professeur d’économie de l’Université Omar Bongo souligne que “la dette comme outil de développement n’a jamais été un problème en soi, mais plutôt l’usage qui en est fait”.
Quelle lecture faut-il faire de cette annotation?
L’abaissement de la note du Gabon par Fitch Ratings ne doit pas être interprété comme une fatalité. Le niveau de dette publique du Gabon est gérable et peut même être un atout pour le développement si elle est utilisée de manière stratégique et transparente. Les comparaisons internationales montrent que le Gabon a encore une marge de manœuvre en termes d’endettement. Le véritable enjeu réside dans la capacité du gouvernement à utiliser cette dette pour financer des projets porteurs de croissance tout en instaurant des mécanismes de contrôle rigoureux pour éviter les dérives du passé.
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