Comilog: Les syndicalistes actuels sont ils encore les meilleurs interlocuteurs pour une sortie de crise?

Alors que le Gabon fait face à des défis économiques majeurs, une grève illimitée a été déclenchée à la COMILOG par certains syndicalistes, en totale violation du Code du travail. Ce mouvement intervient en pleine médiation sous l’égide du ministre du Travail, Adrien Nguema Mba, mettant ainsi en doute la sincérité des syndicats quant à leur volonté réelle de trouver une solution acceptable pour toutes les parties.

Au-delà des revendications salariales, cette grève soulève plusieurs interrogations : les syndicalistes cherchent-ils véritablement une amélioration des conditions de travail ou poursuivent-ils un agenda caché visant à fragiliser l’entreprise et, par ricochet, l’économie du pays ?


Une action illégale en pleine négociation

Le premier point de discorde réside dans la légalité de cette grève. En effet, elle a été lancée sans préavis ni respect du service minimum, ce qui constitue une infraction aux dispositions du Code du travail gabonais. Plus grave encore, elle survient alors que des négociations étaient en cours sous la supervision du ministère du Travail.

La question qui se pose alors est simple : quelle crédibilité accorder aux syndicats qui sabotent le dialogue social en pleine médiation ? Un syndicat véritablement soucieux des intérêts des travailleurs aurait, a minima, attendu l’issue des discussions avant d’enclencher une action aussi radicale.


Des revendications économiques déconnectées de la réalité

Les syndicats exigent une augmentation des coûts de personnel de 12 milliards de FCFA, soit +28 % de la masse salariale. Or, la Comilog offre déjà les meilleurs salaires du pays pour les postes opérationnels et managériaux. Une telle augmentation est totalement disproportionnée dans un contexte où :

Le cours du manganèse est historiquement bas depuis 2024, et les perspectives économiques sont incertaines pour 2025.

La demande mondiale de manganèse recule, notamment en raison du ralentissement de l’économie chinoise et des tensions commerciales avec les États-Unis.

La concurrence internationale se renforce, avec des acteurs en Afrique du Sud et au Ghana proposant des coûts de production plus compétitifs.

Exiger une telle hausse salariale sans tenir compte de ces réalités économiques est un acte irresponsable qui met en danger la compétitivité de la Comilog et, par extension, l’avenir de milliers d’emplois.


Un impact désastreux sur toute l’économie

Chaque jour de grève coûte 2 milliards de FCFA à la Comilog. Mais les dégâts vont bien au-delà de l’entreprise :

  1. Menace sur l’emploi direct et indirect :

700 entreprises prestataires et leurs 5 000 employés dépendent directement de la Comilog.

La Setrag, qui assure le transport du manganèse, est également touchée, avec un effet domino sur l’ensemble du réseau ferroviaire.

  1. Un coup dur pour le Haut-Ogooué :

La région dépend largement des investissements de la Comilog, qui injecte 7 milliards de FCFA par an dans des projets sociaux et d’infrastructures.

Moins d’investissements signifie moins d’écoles, d’hôpitaux et de développement local.

  1. Une fragilisation de l’économie nationale :

La contribution annuelle d’Eramet (maison-mère de la Comilog) à l’économie gabonaise est d’environ 600 milliards de FCFA.

Chaque jour de grève entraîne une perte sèche de 2 milliards pour le pays, à un moment où chaque ressource compte pour assurer la stabilité économique et sociale du Gabon.

En somme, ce mouvement ne pèse pas seulement sur l’entreprise, mais sur l’ensemble du tissu économique gabonais.


Un blocage volontaire pour éviter toute issue favorable ?

Face aux revendications, la Comilog a proposé plusieurs alternatives d’augmentation de salaires :

Une hausse générale de 20 000 FCFA pour tous les employés.

Une augmentation différenciée selon les catégories de personnel (jusqu’à 30 000 FCFA pour les agents d’exécution).

Toutes ces propositions ont été rejetées par les syndicats, renforçant ainsi l’hypothèse d’une volonté délibérée de maintenir le blocage.

Dès lors, une question demeure : cette grève sert-elle réellement les intérêts des travailleurs ou obéit-elle à d’autres logiques, moins avouables ? Un syndicat sincèrement engagé dans la défense des droits des travailleurs aurait poursuivi les négociations au lieu d’imposer un rapport de force stérile.


Un appel à la responsabilité

La Comilog a réaffirmé son engagement en faveur du dialogue social et de la recherche d’un compromis équilibré. En revanche, elle ne peut céder à des revendications qui mettent en péril sa viabilité et l’avenir de milliers de Gabonais.

Face à cette crise, les autorités doivent prendre leurs responsabilités :

Faire respecter le Code du travail en sanctionnant les violations manifestes.

Encadrer les mouvements syndicaux pour éviter les abus qui mettent en péril l’économie nationale.

Encourager un dialogue constructif, basé sur des revendications raisonnables et compatibles avec la pérennité de l’entreprise.

Cette grève illimitée n’est pas une solution, mais un problème supplémentaire pour le Gabon. Loin de défendre les travailleurs, elle met en péril leur avenir et celui du pays. Il est temps que la raison l’emporte sur l’irresponsabilité.

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