Depuis son accession au pouvoir en août 2023, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition au Gabon, a entrepris une série de réformes visant à restructurer l’économie nationale et à réduire l’influence du clan Bongo. Parmi ces initiatives, la réappropriation des parts détenues par Delta Synergie, holding affiliée à la famille Bongo, au sein de BGFIBank, la principale institution bancaire du pays, est particulièrement notable.
Contexte et enjeux
BGFIBank, fondée en 1971, est devenue sous la direction d’Henri-Claude Oyima, PDG depuis près de quarante ans, un acteur financier majeur en Afrique centrale. Cependant, la banque a longtemps été perçue comme un instrument financier du clan Bongo, notamment à travers les participations de Delta Synergie. Cette situation a suscité des préoccupations quant à la transparence et à l’indépendance de l’institution.
Stratégie du président de la transition
Dans le cadre de sa politique de « gabonisation » de l’économie, le général Oligui Nguema a initié des discussions pour acquérir les parts de Delta Synergie dans BGFIBank. Cette démarche vise à réduire l’emprise du clan Bongo sur le secteur financier et à renforcer le contrôle étatique sur les institutions clés. En échange de cette acquisition, les autorités de transition envisageraient d’abandonner un audit lancé contre Delta Synergie, offrant ainsi une porte de sortie au clan Bongo.
Position d’Henri-Claude Oyima
Henri-Claude Oyima, figure emblématique de BGFIBank et du patronat gabonais, se trouve dans une position délicate. Bien qu’il ait été sollicité par le président de la transition pour son expertise, notamment lors de consultations sur le financement des entreprises et des infrastructures routières , son avenir à la tête de la banque est incertain. Des sources indiquent qu’il pourrait être remplacé dans le cadre de la restructuration en cours.
Implications pour le secteur financier
La prise de contrôle des parts de Delta Synergie par l’État pourrait entraîner des changements significatifs au sein de BGFIBank, notamment en termes de gouvernance et de stratégie. Cette initiative s’inscrit dans une série de mesures visant à renforcer la souveraineté économique du Gabon, comme la nationalisation de la société pétrolière Assala Energy en juillet 2024 .
Réactions et perspectives
Ces actions suscitent des réactions mitigées. Si certains saluent la volonté du général Oligui Nguema de rompre avec les pratiques du passé et de promouvoir une gestion plus transparente, d’autres expriment des inquiétudes quant à la concentration du pouvoir économique entre les mains de l’État. L’avenir de BGFIBank et de son leadership reste à suivre, alors que le Gabon navigue vers une nouvelle ère économique et politique.
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